Focus sur… le bruit

3 Oct 2022Actus

Le bruit est un risque auquel nous sommes très nombreux à être confrontés. En effet, près d’un 1 salarié sur 5 est exposé à un niveau sonore dangereux pour sa santé. De la nuisance sonore jusqu’à l’altération des capacités auditives, les conséquences liées au bruit peuvent être nombreuses. Qu’est-ce que le bruit ? Quand devient-il dangereux ? Comment protéger les salariés aux niveaux collectif et individuel ? N’attendez pas de vous casser les oreilles, on vous dit tout sur le bruit !

Le bruit : de quoi parle-t-on ?  

Le bruit : définition

Le son, tout comme le bruit, correspond à une oscillation de l’air. En frappant le tympan, cette oscillation est à la fois perçue et transformée par l’oreille, puis interprétée par le cerveau.

La différence se situe au niveau de la gêne perçue :

  • Un son correspond aux vibrations audibles par l’être humain ;
  • Un bruit correspond à un ensemble de sons perçu comme gênant.

Il s’agit donc d’une notion subjective : le même son peut être jugé utile, agréable ou gênant selon la personne qui l’entend et le moment où elle l’entend. Mais, lorsque le niveau sonore est très élevé, tous les sons sont perçus comme gênants et peuvent même devenir dangereux.

À quoi ressemble notre oreille ?

Comment fonctionne la mécanique du son ?

  • L’oreille externe capte les sons aériens ;
  • L’oreille moyenne transmet une vibration associée aux sons aériens ;
  • L’oreille interne code l’information acoustique en influx nerveux.

À partir de quel niveau sonore le bruit devient-il dangereux pour la santé ?

On considère que l’ouïe est en danger à partir de 80 décibels durant une journée de travail de 8 heures. En effet, à partir de ce niveau, le bruit fatigue et endommage les cellules ciliées qui émettent moins, voire plus du tout d’impulsions aux terminaisons nerveuses.

Les premiers signes qui doivent alerter :

  • Augmenter le volume de la télévision, de la radio, de la musique…
  • Faire répéter son interlocuteur
  • Avoir des sifflements ou des bourdonnements d’oreilles

Les risques à plus ou moins long terme…

Des expositions ponctuelles à un niveau sonore élevé ou des expositions prolongées, même à 55 dB, peuvent entraîner des troubles de l’audition.

      … Sur le long terme

      5ème maladie professionnelle en France (tableau n°42 des maladies professionnelles), avec plus de 500 nouveaux cas par an, la surdité est une maladie irréversible partielle ou totale. Si elle n’est pas douloureuse, la surdité s’installe progressivement, sur plusieurs années. Elle peut toucher les deux oreilles.

      • La surdité de perception

      Suite à un bouchon, une otite ou un problème au niveau du conduit auditif, cette surdité est passagère et réversible : l’audition peut redevenir normale.

      • La surdité de transmission

      Elle touche l’oreille interne, donc les cellules ciliées. Elle peut être légère, moyenne ou profonde selon le nombre de cellules ciliées détruites, qui ne se régénèrent pas.

      • Avec une surdité légère, le salarié ne se rend pas forcément compte de la perte auditive, les fréquences de la parole étant peu touchées.
      • Avec une surdité moyenne, le salarié commence petit à petit à ne plus entendre certains sons, surtout les aigus. Il est « dur d’oreille ».

      Dans ces deux cas, c’est souvent la famille qui s’aperçoit du changement.

       

      • Avec une surdité profonde, la personne ne perçoit plus les sons en-dessous de 65 dB.

      Comment devient-on sourd ? L’importance des cils, autrement dit les cellules ciliées

      Pour capter un son, il faut :

      • des fréquences aigües à toutes les cellules ciliées ;
      • des fréquences graves à quelques cellules ciliées.

      Ces cils sont plus ou moins mobiles sous l’effet des vibrations sonores qui viennent les frapper, comme les arbres qui plient lorsque le vent souffle. Les cils se cassent s’ils sont soumis à de trop fortes vibrations, ce qui empêche alors de percevoir les sons.

      À la naissance, nous possédons environ 20 000 cils. Le bruit détruit les cils, qui ne repoussent pas. Cette perte étant irréversible, c’est ainsi que l’on risque de devenir sourd.
      En moyenne, 3,4% des cils sont détruits tous les 10 ans. À 70 ans, 25% des cils sont perdus.

      L’ouïe est en alerte 24 heures sur 24, même pendant notre sommeil. Elle s’abîme selon le niveau sonore auquel on est exposé ET la répétition de l’exposition, mais aussi en fonction de :

      • La réverbération du lieu et des murs, l’acoustique du bâtiment ;
      • La durée d’exposition (plus elle est longue, plus le risque de lésion(s) est grand) ;
      • Des bruits aigus qui sont plus nocifs que les bruits graves ;
      • La distance de la personne par rapport au bruit ;
      • Des bruits inattendus, plus nocifs et agressifs, qui provoquent plus de dégâts que les bruits continus.

      Comment protéger les salariés du bruit ?

       3 millions de salariés sont exposés aux risques liés au bruit (INRS).

      Réglementation : que dit le code du travail ?

      Il existe des seuils règlementaires selon l’exposition sonore à laquelle les salariés sont exposés.

      Les obligations de l’employeur :

      • Mettre en place un plan d’action en fonction des seuils réglementaires au-delà de 85 dB.
      • Acheter et fournir les équipements de protection individuelle (EPI) : pour le bruit, il s’agit des PICB.
      • Assurer une formation à l’utilisation des EPI.
      • Fixer les conditions de mise à disposition, d’utilisation, d’entretien et de stockage des EPI.
      • Veiller à l’utilisation de ces EPI.
      • Remplacer les EPI détériorés ou ayant dépassé la date de péremption.
      • Faire vérifier périodiquement les EPI par des personnes qualifiées.

      Les obligations des salariés :

      • Les salariés sont tenus de se conformer aux instructions (règlement intérieur, notes de service, consignes…) qui leur sont données par leur employeur.
      • Tout salarié qui refuse ou s’abstient d’utiliser les EPI, conformément aux instructions, peut engager sa responsabilité et s’exposer à des sanctions.
      • Parfois, les protections sont inconfortables : dans ce cas, il est important d’en parler avec son responsable.

      Évaluer et prévenir les risques

      À noter : parmi les facteurs de risques, on retrouve les machines causant des vibrations et des impacts. Une machine bien réglée et bien entretenue est une machine moins bruyante. Néanmoins, malgré la réglementation de plus en plus stricte et les efforts des industriels, certaines machines ont encore un niveau sonore dangereux pour l’audition. C’est pourquoi il faut se protéger les oreilles lorsqu’on les utilise.

      La protection la plus efficace est celle qui est portée le plus longtemps.

      Par exemple, avec un protecteur d’atténuation de 30 dB :

      • Porté 100% du temps de travail, l’efficacité est totale : protection jusqu’à 30 dB ;
      • Porté 90 % du temps de travail, l’efficacité est partielle : protection jusqu’à 10 dB ;
      • Porté 50 % du temps de travail, l’efficacité est quasi nulle : protection jusqu’à 3 dB.

      De plus, il est important de se ménager des moments de silence dans la journée pour « reposer » l’appareil auditif.

      Cas pratique : l’exposition au bruit dans une entreprise fabriquant des emballages en bois

      Bruit : un exemple de démarche prévention

      Par Nathalie Ramousse, Intervenante en Prévention des Risques Professionnels (IPRP) à l’AISMT13

      La démarche se fonde sur les principes généraux de prévention et peut donc s’articuler autour des 4 piliers suivants, par ordre de priorité :

      1. Réduire le bruit à la source : en premier lieu, il s’agit d’identifier la ou les source(s) sonore(s), puis de les supprimer. Cela n’est bien évidemment pas toujours possible. En l’occurrence, dans cette entreprise, plusieurs solutions techniques peuvent être mises en place pour réduire fortement le bruit des machines. Par exemple, le remplacement des lames de scie classiques par des lames silencieuses (à denture aléatoire) permet de réduire jusqu’à 15 dB les niveaux sonores générés par la machine. Une possibilité rarement proposée par les fabricants de pièces d’usure et pourtant simple en termes de mise en place.

      2. Agir sur la propagation du bruit : le traitement acoustique du local permet de réduire la réflexion du son, comme le traitement acoustique des murs ou du plafond, ou encore la pose d’écran entre les postes de travail. Cette solution, plus complexe à mettre en œuvre (coût, encombrement, longévité), permet de gagner entre 5 et 6 dB.

      3. Agir sur la prise de risque qui repose souvent sur 3 leviers devant être activés simultanément :

      – La culture de l’entreprise, notamment l’exemplarité des managers ;
      – Le coût d’agir en sécurité : par exemple, parcourir 300 mètres pour récupérer des PICB ;
      – La conscience du risque : pour cela, il est indispensable de sensibiliser les salariés aux risques liés au bruit, aux conséquences sur la santé et à la façon de se protéger. En effet, l’oreille humaine s’habitue au bruit et finit par ne plus y prêter attention alors que les effets nocifs sont toujours présents.

      4. Mettre à disposition des équipements de protections individuelles adaptés : la protection la plus efficace est celle qui sera portée le plus longtemps. Pour cela, l’idéal est de se rapprocher de chaque salarié afin de lui proposer la Protection Individuelle Contre le Bruit (PICB) qui lui correspond le mieux : selon le mode de port (intra-aural, circumaural, supra-aural) et selon le mode de fonctionnement (passif ou actif).

      Comprendre le bruit en vidéo

      Le bruit : un livret de prévention à votre disposition

      Les équipes de l’AISMT13 à votre écoute

      Une question ? Vous souhaitez mettre en place une démarche de prévention autour du bruit au sein de votre entreprise ? Vous pouvez contacter votre centre médical.