Mettre en valeur le lien entre Troubles Musculo-Squelettiques (TMS) et Risques Psychosociaux (RPS) : un enjeu majeur dans la prévention du stress et des douleurs physiques

28 Jan 2025Focus prévention

Stress et douleur physique, Risques Psychosociaux (RPS) et Troubles Musculo-Squelettiques (TMS) : le lien n’a pas toujours été évident et pourtant, les interdépendances de ces risques professionnels existent bel et bien dans le quotidien au travail. Ainsi, il s’agit désormais de traiter les problèmes rencontrés au poste de travail dans leur globalité, pour passer à une approche multirisque et non plus monorisque. Pourquoi ? Comment ? On vous en dit plus dans cet article focus.

RPS et TMS : comprendre ces risques professionnels

L’impact des Troubles Musculo-Squelettiques (TMS)

Les TMS peuvent être causés par de nombreuses situations dans le milieu professionnel : postures contraignantes, gestes répétitifs, port de charges… Ils représentent les affections physiques qui touchent les articulations, les muscles et les tendons et constituent aujourd’hui encore, la première cause de maladies professionnelles en France, représentant environ 87 % des cas reconnus selon les chiffres de l’Assurance Maladie. Des chiffres encore plus élevés selon les secteurs : jusqu’à 95% dans les transports et la logistique, par exemple. Cela génère ainsi douleurs chroniques, des souffrances permanentes et parfois des invalidités ou des reconversions forcées. Les TMS entraînent également des coûts économiques majeurs pour les entreprises, estimés à plusieurs milliards d’euros chaque année en termes d’indemnités, d’absentéisme et de perte de productivité.

L’impact des Risques Psychosociaux (RPS)

Les RPS peuvent également être liés à des organisations du travail dégradées, à des tensions, à une surcharge de travail et à un manque de reconnaissance, à des violences externes et/ou internes au travail, ou encore à du harcèlement… Tout cela peut ainsi conduire à des situations de stress et d’anxiété, à un épuisement professionnel, voire à des dépressions. Mais en réalité, ils peuvent aussi provoquer, entre autres, des troubles cardiovasculaires et, bien sûr, des TMS.

Selon le baromètre 2023 « Santé des salariés et qualité de vie au travail« , 70 % des salariés déclarant un mauvais état de santé mentale estiment que cela nuit à leur travail.  Ces risques ne sont donc pas seulement un enjeu individuel : ils se traduisent aussi par une baisse de productivité, un turn-over accru et des coûts significatifs pour les entreprises.

Le lien entre RPS et TMS, un enjeu majeur pour les travailleurs

Si le lien n’a pas toujours été évident, il semble de plus en plus reconnu : il ne s’agit en effet pas de risques isolés, bien au contraire, RPS et TMS interagissent et peuvent même se renforcer mutuellement. Ce sont donc des facteurs communs, comme une surcharge de travail, des délais contraints ou un manque de soutien managérial, qui exacerbent les conséquences de l’un ou l’autre de ces risques.

Par exemple, un environnement de travail stressant peut accentuer la perception de la douleur liée aux TMS, et, à l’inverse, des douleurs physiques persistantes peuvent générer du stress ou un épuisement mental. Autre illustration : selon la dernière étude de mise à jour des connaissances épidémiologiques en décembre 2024 « Effets des expositions psychosociales sur la santé des salariés », il a été constaté que « les salariés qui manquent de soutien social présentent un excès de risque de plus de 40 % de survenue de lombalgies ».

Ainsi, même dans des situations où des facteurs biomécaniques sont principalement à l’origine des TMS, il peut s’avérer très efficace de se pencher sur l’organisation du travail. Une amélioration des conditions de travail peut être un levier de correction non négligeable, en complément des préconisations visant à réduire les facteurs de risque biomécaniques.

L’approche de prévention doit donc être globale et intégrer à la fois des mesures pour réduire les tensions psychologiques et des actions pour limiter les contraintes physiques. Plus d’informations sur les facteurs de risques liés à la situation de travail dans la vidéo ci-dessous.

Des démarches de prévention globales : mieux prendre en compte les polyexpositions !

Employeurs : des étapes fondamentales, de l’analyse et de l’évaluation des risques au plan d’actions

Alors que les situations de travail sont désormais prises en compte dans leur dimension multirisques, les démarches de prévention doivent être plus globales, notamment dans le cadre des RPS et TMS. Elles doivent d’ailleurs intégrer l’ensemble des acteurs de l’entreprise, en interne (employeur et salariés, Comité Social et Economique (CSE), Salarié Sauveteur secouriste du Travail (SST), Service de Prévention et de Santé au Travail Interentreprises (SPSTI)), mais aussi en externe (ANACT, CARSAT, experts et organismes externes…).

  • Évaluer les risques avec un repérage des indicateurs d’alerte de santé (bilan annuel du médecin du travail, registre de l’infirmerie, rapport d’activité du CHSCT) et d’entreprise (bilan social, service des ressources humaines, procès-verbaux des IRP, fiches d’entreprise) pour réaliser un diagnostic consigné dans le document unique d’évaluation des risques professionnels (DUERP).
  • Agir en prévention primaire autant que possible pour éviter les difficultés. Cela passe par l’aménagement des conditions de travail (réduction des gestes répétitifs, mise en place d’équipements ergonomiques, révision de l’organisation du travail pour minimiser les contraintes…), la formation des managers aux signaux RPS et TMS, même les plus faibles, et la sensibilisation des équipes. Cela peut aussi passer par la promotion d’un dialogue social régulier, pour anticiper les tensions, ajuster l’organisation dès que nécessaire, favoriser la transparence, la communication et le partage des responsabilités. Le SPSTI peut d’ailleurs accompagner l’adhérent dans l’élaboration des plans d’actions.

À noter : s’il n’y a pas eu d’actions en prévention primaire, il est toujours possible d’agir en prévention secondaire, pour renforcer ses ressources face aux difficultés dans un objectif de protection. En dernier recours, la prévention dite tertiaire pourra entrer en jeu pour en maîtriser les conséquences et favoriser la réparation. 

Salariés : pensez à appliquer quelques conseils pratiques et adoptez des réflexes au quotidien grâce à la vidéo ci-dessous.